La passion de Gabriel Refait pour le monde du cyclisme devient très vite contagieuse. La façon dont il parle de vélos anciens, de cyclistes d’une autre époque, ou même de la chance qu’il a de pouvoir s’entraîner chaque jour dans les routes du sud de la France a quelque chose de magnétique. On parle avec le fondateur de Dynamo Cycle Repairs pour vous faire découvrir son univers. Par Cosmos Vintage
En parlant avec toi , on se rend compte a quel point tu es intarissable sur l’univers du cyclisme. Ça a été toujours comme ça? D’où te vient cette passion?
Grâce à mon père, je fais du vélo depuis tout petit. J’ai toujours aimé rouler, m’entraîner dur, et la liberté que cela procure. Je continue d’ailleurs encore aujourd’hui, en parallèle de mon activité de restauration et de vente de vélos vintage.
Le cyclisme a ses codes, son histoire et ses champions, c’est un univers très riche.
Avec près de 150 ans de production, des milliers de modèles, de marques et d’artisans, le monde de la bicyclette est une source de découverte permanente. Il suffit juste d’être curieux et passionné. J’ai la chance d’en avoir fait mon métier, et de pouvoir redonner vie à toutes sortes de machines, qui sont les témoins de notre héritage industriel et artisanal.


As-tu un personnage ou une marque emblématique du cyclisme que tu portes particulièrement dans ton cœur? Peux-tu nous raconter un peu de son histoire?
J’ai une passion et un attachement pour Gino Bartali, cycliste italien dont la carrière fut marquée par sa rivalité avec Fausto Copi. Ce vainqueur de deux Tours de France (1938 et 1948), trois Giro (1936, 1937 et 1946) et neuf grandes classiques, s’est également illustré en sauvant la vie de 800 Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Fervent catholique, « Gino le Pieux » est très proche du cardinal Elia Dalla Costa qui n’a pas hésité à mobiliser le clergé pour sauver des Juifs de la déportation. Il rejoint ainsi un réseau de résistance, grâce à sa couverture idéale de coureur cycliste, il devient passeur et va jouer un rôle important dans le sauvetage des Juifs.
Connu pour les longues distances d’entraînement qu’il parcourt à vélo, Gino Bartali va ainsi faire passer des faux documents destinés aux Juifs et dissimulés dans le cadre de son vélo. En cas d’arrestations et de fouilles, Gino Bartali s’appuie sur son statut de cycliste professionnel : il demande que l’on ne touche pas sa bicyclette, calibrée au millimètre près pour atteindre une vitesse optimale. Dans la même journée, il faisait parfois 200 kilomètres à l’aller, et 200 kilomètres au retour. Et ces faux papiers permettaient à des Juifs, réfugiés dans des couvents, de retrouver la liberté, sous une fausse identité.
Après la guerre, Gino Bartali ne parlera pas de ses actes de résistance. « Le bien », disait-il, « on ne le fait pas pour le crier sur les toits ». Estimant que cette histoire lui appartient, il refuse que ses actes de résistance soient médiatisés.
Ce sont ce genre d’homme et d’histoire qui font du cyclisme, un sport à part dans mon coeur.



Chaque bicyclette a une histoire, soit par le modèle en lui même, soit pour la personne a qui elle a appartenu. De celles que tu as retapé, y a t il des anecdotes qui t’aient spécialement marqué?
Les histoires sont nombreuses. J’ai souvent des clients qui viennent me voir en cherchant un modèle très particulier. Ainsi J’essaie de retrouver une marque ou encore le modèle de vélo d’un champion qu’ils affectionnaient ou même le premier vélo avec lequel ils aient roulé. Cela peut parfois prendre du temps avant de trouver la perle rare.
J’ai eu également quelques fois des petits enfants, qui ont poussé la porte de l’atelier pour restaurer le vélo du grand père ou de la grand mère.
À chaque fois la surprise fait mouche. Et par la suite, j’ai le droit à une photo du grand père, sur le vélo restauré, 60 ans après, le sourire aux lèvres.
Ça c’est vraiment super gratifiant.
Le vélo, qu’il soit vintage, électrique, ou fixie, fait depuis quelques années son gros comeback. Aujourd’hui quels types de clients « poussent la porte » de ton atelier?
J’ai la chance d’avoir une clientèle très large. Cela va de l’étudiante qui cherche un vélo robuste et beau pour ses déplacements quotidiens au collectionneur passionné, qui cherche, LA pièce. Je vend également sur internet via mon site et Instagram et j’expédie un peu partout dans le monde. Certains de mes vélos roulent en Australie ou au Japon, en ce moment. L’engouement pour le vélo, et le vintage dans son ensemble est vraiment global.
À Aix en Provence les choses sont en train de changer, et j’espère que la ville développera encore les aménagements et pistes cyclables dans les prochaines années. Cela permettra à beaucoup de gens de se sentir plus rassuré et de sauter le pas, pour laisser la voiture au garage.



On va finir par la question fétiche de cosmos vintage : Qu’elle est ta pièce vintage préférée ?
Elles sont trop nombreuses pour n’en choisir qu’une à vrai dire. Je collectionne beaucoup (trop) de choses. Mais à l’atelier j’écoute énormément de musique en travaillant. Donc le 45 tours « Hotter than July » de Stevie wonder sortie en 1980. Rien de tel pour nettoyer, frotter et polisher de la pièce dans la bonne ambiance.
Pour en savoir plus sur l’univers de Gabriel rendez-vous sur son compte Instagram ou Facebook. Et si vous êtes dans le Sud de la France vous pourrez le rencontrer en personne au Quartier Vintage – le tout premier salon dédié au vintage et à la consommation responsable organiser à Aix en Provence , le 18 / 19 et 20 septembre 2020.