Léo Girod a choisi d’exercer, depuis maintenant 4 ans, son métier d’opticien d’une manière différente. Il propose des lunettes vintage, restaurées ou upcyclées en fonction des préférences de chacun de ses clients. Vous repartirez de l’atelier avec une pièce unique, un morceau d’histoire, à la fois ancien et irrésistiblement moderne. Une nouvelle façon d’acheter ses lunettes émerge, bien loin de la production en série. Par Cosmos Vintage
Après avoir travaillé neuf ans dans le circuit conventionnel, et avant de monter ta boutique, tu es parti pour apprendre le savoir faire de la fabrication de lunettes. Qu’est-ce qui t’a poussé à passer ce pas? Pouvons nous en savoir plus à propos de cette période de ta vie?
Je suis parti du circuit traditionnel car je m’ennuyais énormément. J’ai eu envie de réinventer mon métier, sans compromis, et arrêter de faire quasiment que de la paperasse et de la compta. En premier lieu, j’ai voulu apprendre le savoir faire d’artisan lunetier. C’est pour cela que je suis allé à Oyonnax dans le Jura, la ville berceau de la lunetterie française. J’ai été formé par un prototypiste pour fabriquer des lunettes en acétate en partant du dessin jusqu’au polissage final. Je m’entrainais sur des lunettes vintage entre deux sessions de formation, et c’est de là que l’idée de fonder Retroviseur m’est apparu comme une évidence.
Quelles ont-été tes sources d’inspiration pour créer ton univers?
J’essaie de piocher dans pleins d’univers différents qui sont souvent éloignés de l’optique en tant que telle. La musique est très importante pour moi car elle définit le “mood” de chaque collection. Ma façon de bosser est très inspirée du monde du tatouage, car je propose des pièces uniques et personnalisées en fonction du goût des mes clients. Le monde du DIY, lui, m’aide à repousser les limites de la lunetterie en expérimentant pas mal de nouvelles techniques à l’heure de créer des customs. Enfin, les différentes collaborations que j’ai la chance de faire avec des artistes locaux (peintres/plasticiens/photographes etc…) contribuent à me faire avancer chaque jour un peu plus.osmos


Comment l’idée de travailler sur rendez-vous t’est-elle venue à l’esprit? Quelle est ta façon de procéder avec les clients?
J’ai un stock de montures tellement important qu’il est devenu indispensable de recevoir les clients sur rendez-vous. J’ai actuellement plus de 1000 modèles différents classés par époque et forme. Il est donc important que je les accompagne à travers toutes ces possibilités en travaillant main dans la main, sur un véritable projet sur-mesure. Un rendez-vous dure environ une heure. Je commence par poser des questions sur leurs attentes puis on fouille dans les différentes caisses de lunettes ensemble, jusqu’à trouver LA bonne ; puis on finit par parler de customisation et de la mise à la vue si il y a besoin.
Ils vivent cette expérience comme quelque chose qui va au delà d’une vente traditionnelle, et cela en fait un moment privilégié. De plus, choisir une paire de lunettes n’est pas aussi simple que de choisir un tee-shirt. Il faut, souvent , en essayer quelques dizaines avant de trouver la forme qui mette le mieux en valeur un visage.
Peux-tu nous en raconter un peu plus sur ta façon de personnaliser les montures?
Sur chaque paire nous proposons différents customs afin de personnaliser au mieux le projet de nos clients, et rendre leur monture vraiment unique. On propose plusieurs finitions sur le métal, des modifications de forme, en passant par l’ajout ou le retrait de matière. Il nous arrive même de sculpter la monture au fer à souder ou encore de la percer afin d’y insérer des clous ou des anneaux en métal… Les possibilités sont infinies et on est au début de l’expérimentation!


Lorsque on aborde le sujet de l’upcycling ou du vintage, on en vient souvent à parler de son aspect écologique. Quelle importance cela a-t-il pour toi?
C’est le fil conducteur, le message de fond. Il y a des milliers de lunettes qui stagnent aux quatres coins du monde. Des lunettes cachées dans les greniers, des invendus de magasins ou d’usines, ou bien encore des stocks donnés à but caritatifs qui sont inutilisés. Il y a tellement de possibilités si peu exploitées que j’estime primordial de partir les récupérer et de leur donner une seconde vie, plutôt que de produire encore et encore. On pourrait ouvrir un Retroviseur dans chaque grande ville de France tellement il y a à faire dans ce domaine.En pleine période de transition écologique, je suis fier que ce projet s’inscrive en tant que pionnier dans le monde de l’optique.
On va finir par une question plus personnelle… quelle est ta pièce vintage préférée?
Ma pièce vintage fétiche c’est une chemise à carreaux verte que j’ai trouvé dans une friperie à Montréal il y a cinq ans . Elle est parfaitement coupée, indémodable, increvable et surtout elle me rappelle tout l’amour que j’ai pour cette ville. C’est d’ailleurs là bas que j’ai trouvé l’inspiration pour créer mon shop et qui sait… c’est peut-être là-bas que se poursuivront les aventures de Retroviseur.
